J'aime beaucoup cette chronique hebdomadaire du cahier Actuel de La Presse, chronique qui est faite pour durer longtemps, parce que 10 000 semaines, c'est 70 000 journaux quotidiens, c'est 191 ans, c'est 6 générations de lecteurs de La Presse, et tout cela justement pour célébrer, comme son nom l'indique, toutes ces petites choses qui sont vraies.
Un exemple? Petite chronique de Nicolas Langelier du 8 mai dernier:"No 9925 Les filles sont rarement contentes de leurs cheveux
Combien? Hein? Combien de générations de femmes, se levant le matin ou se préparant pour une soirée ou s'apprêtant juste à sortir pour un petite course rapide chez le boucher, ont soupiré devant l'état de leurs cheveux, souhaité qu'ils soient moins frisés, ou moins droits, ou moins roux, ou plus roux, ou plus blonds, ou juste un peu plus longs sur le front, ou juste un peu plus dociles, ou au contraire plus intempestifs, plus passionnés, plus je-mords-dans-la-vie-insouciante-de-ma-chevelure? Considérant qu'il y a des miroirs depuis au moins l'âge de Bronze, on peut donc présumer qu'il y avait déjà, quelques millénaires avant Jésus-Christ, des Chinoises et des Étrusques et des Sumériennes qui soupiraient devant leur réflexion. Ce qui, autrement dit, fait beaucoup, beaucoup de générations de femmes. Et du même coup, autant de générations d'hommes qui, eux, ont a subir les lamentations de leur femme, et ont dû répondre l'équivalent chinois, étrusque, sumérien (et latin, finnois, arabe, swahili, etc.) de "Bon non, ma belle, ils sont parfaits tes cheveux". Et tout ça pour quoi? Pour rien. Ou si peu: une mèche peut-être un peu rebelle, une frange peut-être un peu trop affectée par l'humidité, si on regarde très très très attentivement. Rien, finalement, qui ne justifie objectivement ces innombrables heures d'angoisse et de pleurs et d'efforts désespérés, alors que dehors des gens ont faim et froid et peur pour des raisons valables, et que le printemps explose en un million de possibilités odorantes, et que le temps file, bordel, que le temps passe si vite, et que la mort se rapproche de nous à une vitesse fulgurante, brutale, comme Marian Gaborik avec une faux."
La prochaine chronique pourrait s'intituler "No 9924 On est écoeurés des journalistes poches qui essaient de se trouver cool en plaçant le mot "cool" dans chacune de leur chronique"
La prochaine chronique pourrait s'intituler "No 9924 On est écoeurés des journalistes poches qui essaient de se trouver cool en plaçant le mot "cool" dans chacune de leur chronique"
Aucun commentaire:
Publier un commentaire